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tagnards était une jeune femme de vingt-quatre ans environ, un peu pâle, un peu fatiguée, extrêmement jolie et très-bien mise. Ils n’avaient point de guide ; le guide n’est pas nécessaire pour l’ascension du Bergonz, qui n’est ni compliquée ni difficile.

Je connaissais déjà de vue presque tous les malades et touristes de la localité. Ceux-ci m’étaient pourtant inconnus. Ils devaient être arrivés la veille au soir, peut-être le matin même.

Ils s’arrêtèrent à la cabane, et le vieux berger s’empressa de leur offrir du lait. La jeune dame refusa, disant qu’elle venait de déjeuner chez Bielsa, c’est-à-dire chez celui qui tenait mon auberge. Le gentleman lui dit quelques mots en anglais. Elle n’était point Anglaise, car elle fit répéter et ne parut pas comprendre. Alors il lui dit en français, qu’il parlait du reste fort bien :

— Il faut laisser reposer ces braves porteurs et même leur donner à boire.

Il demanda au berger s’il avait du vin. Il en avait toujours quelques bouteilles en contrebande, car il avait passé avec l’auberge un marché qui l’obligeait à ne fournir que du lait. Je vis qu’à cause de moi, bien que ce ne fussent pas mes affaires, il hésitait à répondre. Je m’éloignai pour ne pas le gêner ; je montai un peu plus haut sur le sentier.