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belle course pour m’apporter cela, tu as bien gagné un verre de mon meilleur vin. Comment t’appelles-tu ?

— Médard Tosas, lui répondis-je.

— Tu es de Luz ?

— Des environs.

— Et qu’est-ce que tu fais ?

— Je chasse l’ours.

— Alors tu es aussi brave et adroit que beau garçon. Allons, bois à ma santé comme je bois à la tienne !

Manuela était rentrée avec un broc de vin liquoreux qu’elle versait dans un verre bleuâtre mal rincé. Pendant que j’avalais ce vin, le Perez me regardait avec malice, et, prenant un ton de familiarité protectrice qui me fit rougir de dégoût :

— J’espère, canaille, me dit-il, en souriant, que tu n’es pas contrebandier ?

Je le regardai entre les deux yeux. L’expression de son visage disait clairement : « Si tu es contrebandier, mon garçon, sois le bienvenu et dis-le sans crainte. »

— Non, je ne suis pas contrebandier, lui répondis-je en me levant, et je ne compte pas l’être.

— Tu as raison, reprit-il avec une merveilleuse tranquillité ; c’est un sale métier, — et plus dangereux