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nous en sommes. Nous disparaissons d’ici après-demain matin et nous déposons sir Richard à sa nouvelle résidence, pour t’embrasser une heure après ; mais pourquoi ne viendrais-tu pas nous attendre à ce chalet où il doit passer l’été ? Nous te verrions une heure plus tôt et nous rentrerions ensemble à la maison.

Je n’hésitai pas, et, le lendemain soir, j’étais à pied sur la route du chalet, le cœur très-soulagé de la crainte de perdre la présence de Jeanne. Je sentais revenir tout entière mon ancienne amitié pour M. Brudnel désormais libre et pur de tout reproche. Notre situation respective pouvait être un peu délicate encore ; mais il s’y mêlait je ne sais quel besoin de rire discrètement ensemble de l’arrivée du troisième larron, et une pointe de gaieté nous venait très à propos pour effacer les chagrins ou les dépits du passé. Quant à Vianne, je ne croyais pas un mot des suppositions paradoxales de M. Brudnel. Je pensais que Manuela était partie pour échapper à ce mariage sans amour qui était tour à tour son ambition et son épouvante.

— Qui sait, me disais-je, si elle n’a pas menti pour dégager généreusement M. Brudnel de sa parole ? Ne se faisant plus d’illusion sur la possibilité de le pas-