Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/332

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui avait toutes les vraisemblances pour elle. Comme la douairière ajoutait en post-scriptum que son fils était comme fou de douleur, Richard vit là un appel à sa générosité et prit la résolution de ne point se venger. Il se persuada même que le marquis avait cru tirer sur un voleur introduit dans son parc, qu’il n’avait jamais douté de la fidélité de Fanny, et que cette malheureuse femme était morte par accident avant d’être mère.

» Écrasé de douleur, il entreprit alors les grands voyages qui l’ont distrait et soutenu durant de longues années. Il m’a confié la vérité sur ses véritables sentiments dans le passé. Il avait aimé Fanny avec plus d’emportement que de tendresse ; mais, du jour où elle lui avait donné l’espoir d’être père, il s’était consacré entièrement à elle. Il avait aliéné entre les mains de sa sœur la liberté de son avenir afin d’obtenir d’elle les moyens d’enlever Fanny et de lui assurer en Amérique une existence aisée avec son enfant, qu’il se flattait d’élever. Depuis la catastrophe, sa vie avait été un long remords, et il n’avait aimé aucune femme. Il n’avait vu en Manuela vendue par son père que l’occasion d’une bonne œuvre expiatoire, et plus tard, comme je te l’ai dit, comme il le répète souvent, l’illusion de la paternité.

» Il me reste à te dire comment sir Richard a re-