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faire craquer une seule marche de l’escalier. La porte du salon n’était pas fermée, et, par la fente qu’elle offrait, je vis Jeanne dans les bras d’un homme que je distinguai mal, mais qui, autant que le permettait la lueur d’une bougie placée de côté, me parut être M. Brudnel. Il me répugnait d’espionner ma sœur, je remontai précipitamment à la chambre de ma mère. Il y avait de la lumière chez elle ; je frappai, je la trouvai en train de s’habiller.

— Tu sais donc, lui dis-je tout ému, qu’il y a quelqu’un en bas ?

— Oui, quelqu’un que nous n’attendions pas ce soir et qui sans doute a quelque chose de pressé à nous dire.

— Quelqu’un qui est seul avec Jeanne au salon, tu le savais ?

— Certainement, reprit ma mère sans se troubler. Elle a été prête la première. Allons, calme-toi, tout cela est fort naturel. On te dira de quoi il s’agit. Remonte chez toi, tu nous gênerais.

— Vous avez donc des secrets pour moi ?

— Tu le sais bien !

— Je croyais qu’il n’y en avait plus. M. Brudnel…

— Eh bien, M. Brudnel ?…

— C’est lui qui est ici ?

— Quand ce serait lui ! Je ne veux pas que tu le