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parole. Mon orgueil ne se révoltait plus à l’idée d’être supplanté par un homme plus habile que moi. Je reconnaissais m’être conduit comme un enfant ; je méritais la leçon que j’avais provoquée.

C’est dans ce sens que j’écrivis à mon ami Vianne, en lui reprochant de ne m’avoir pas donné de nouvelles depuis son premier billet. Je reçus de lui cette réponse :

« Puisque te voilà revenu du pays des chimères, puisque tu donnes cent fois raison, et même plus tôt que je ne l’espérais, à tout ce que je t’avais dit de la fragilité de ton amour pour l’odalisque, je puis te parler d’elle en toute tranquillité. Je la vois tous les jours et je t’assure qu’elle guérira. Tu sais que je ne partageais pas du tout l’opinion de nos grands docteurs de Marseille sur la gravité de son mal. Les affections nerveuses ont le fâcheux privilége de simuler si exactement d’autres affections organiques, que les plus habiles praticiens y sont encore trompés. Le cas pathologique de mademoiselle Perez est pour moi assez intéressant, et, comme je suis le seul qui ait bien auguré de sa guérison possible, M. Brudnel m’a prié de lui donner des soins. J’ai osé faire le contraire des prescriptions tracées, j’ai permis le mouvement et même dans une juste mesure les émotions, si sévère-