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et je m’aperçois que je ne suis qu’un enfant en présence de deux êtres supérieurs, peut-être un enfant peu digne d’avoir une telle mère et une telle sœur !

— Tu as toujours été un enfant digne de la plus vive tendresse et de la plus haute estime, reprit ma mère ; seulement, tu as peut-être été un peu jeune dans ces derniers temps. Nous verrons, nous verrons, je ne juge point encore.

Je reçus une lettre de Vianne ; Manuela était assez calme. Mon départ n’avait point amené de crise. M. Brudnel lui ayant dit que j’étais naturellement impatient d’aller chercher le consentement de ma mère. Elle était partie avec lui pour Montpellier, où ils comptaient s’arrêter quelques jours avant de gagner leur nouvelle résidence. « M. Brudnel, disait Vianne, m’a chargé de retenir leurs appartements à Montpellier, et je les reverrai. Je pourrai te parler d’eux en connaissance de cause. » Ma mère reçut aussi de sir Richard une lettre qu’elle ne me montra pas ; elle me dit seulement que la malade avait bien supporté le voyage jusqu’à Montpellier, et qu’on s’arrêterait là quelques jours avant de se rapprocher de nous tout à fait. Sir Richard disait avoir réussi à tranquilliser Manuela sur mon compte, « sachant bien que j’étais incapable de manquer à ma parole. »