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affaire. Il se décida vite pour l’hôtel que j’occupais, et monta dans ma chambre.

— Ah ! ah ! me dit-il en me voyant aux lumières, ton attitude dans la rue ne m’avait pas trompé ; tu es changé, tu as souffert. As-tu fait une maladie ? as-tu éprouvé un chagrin ? Il faut tout me dire, à moi ! Ta mère et ta sœur ne doivent pas te revoir avec cette figure-là ; elles en seraient effrayées.

— Oui, je te dirai tout ; mais parle-moi d’elles d’abord. Tu ne m’as pas écrit depuis longtemps. Les as-tu vues récemment ? Écris-tu toujours à ma sœur ? Espères-tu la décider au mariage ? Si tu savais comme j’ai besoin de son bonheur et du tien pour supporter ma sotte et mauvaise destinée !

— Ta sœur, ta sœur…, répondit Vianne en me regardant fixement et en appuyant sur les mots d’une manière étrange, ta sœur Jeanne…

— Eh bien, qu’y a-t-il ? m’écriai-je. Qu’est-il arrivé à ma sœur ? Parle donc, tu m’épouvantes !

— Mais rien, rien de fâcheux pour elle. Dieu merci ! Je croyais que tu savais… Tu ne sais donc pas… ? Allons, je vois que tu ne sais rien. Eh bien, ta sœur ne m’aimera jamais. Elle m’avait permis de lui écrire, elle n’a pas reçu ma première lettre. Ta mère me l’a renvoyée sans l’ouvrir, en me priant d’aller lui