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— Je n’irai pourtant chez elle qu’avec vous, répondis-je.

— Pourquoi ?

— Parce que l’agitation où je suis me ferait parler trop ou pas assez. Je veux rester maître de moi-même ; chaque mot dit hors de votre présence me semblerait aggraver ma faute.

— Eh bien, mon enfant, reprit-il avec bonté, puisque la passion est si violente et votre fierté si scrupuleuse, allons ensemble voir la malade, et soyons gais pour qu’elle se rassure. J’écrirai plus tard.

Il passa un habit, prit mon bras et entra gaiement au jardin. Il alla baiser la main de Manuela ; puis, prenant à part la Dolorès, il s’éloigna pour ne pas gêner, disait-il, la consultation médicale. Je trouvai ma malade assez compromise, bien qu’elle ne se rendît compte de rien. Elle avait la fièvre, et elle le niait ; son regard extatique, rivé sur le mien, semblait me dire : « De quoi donc t’occupes-tu ? Parle-moi d’amour, qu’importe que j’en meure ? »

Je n’osais provoquer ce genre d’émotion. Il me semblait qu’il lui était nuisible et pouvait devenir funeste.

— Il faut vous calmer, lui dis-je, il le faut absolument.