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indulgence absolue. Vous lui pardonnerez, vous dis-je, et elle vous aimera encore, elle m’oubliera !…

— Si vous n’aviez la poitrine pleine de sanglots, répondit sir Richard d’une voix attendrie, je croirais que vous vous repentez des engagements que vous avez pris envers elle ; mais je vois bien qu’elle vous est chère et que vous voulez répondre à mon prétendu héroïsme par un héroïsme réel. Allons, tranquillisez-vous, mon enfant. Dolorès est une personne plus précieuse que nuisible. Au milieu de son espionnage, elle a une qualité qui doit lui mériter le pardon : c’est son attachement vrai, son dévouement sans bornes à sa jeune maîtresse, Ce dévouement lui donne au besoin le courage de la franchise, car elle ne m’a pas caché qu’elle avait travaillé contre mon mariage, préférant voir Manuela unie à un jeune homme épris d’elle qu’à un vieillard qui ne l’était pas. Je lui ai donc accordé toute confiance pour cette déclaration, et je sais par elle les moindres détails de vos amours. Je sais que vous avez résisté comme je n’aurais probablement pas su résister à votre âge. C’est donc grâce à elle que je vous donne une absolution complète et que je vous défends de me reparler de vos remords. Ils me rendraient ridicule, et je ne crois pas avoir mérité de l’être.

Il fallait bien accepter les dénégations de sir Richard,