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un ange… Elle est donc bien jolie, votre sœur ?

— Ne parlons point de ma sœur, je vous prie.

— Pourquoi donc pas ? Une muse divine ! c’est-à-dire qu’elle a de grands talents que je n’ai pas ; mais il l’a vue un instant, et il est parti. Je ne peux pas être jalouse de votre sœur.

— Je vous défends de parler de jalousie à propos de ma sœur. Il y a des mots impossibles à associer avec de certaines idées.

— Ah ! grand Dieu ! s’écria Manuela en se levant toute droite, comme vous me méprisez ! Pas digne de prononcer le nom d’une honnête fille !

— Si fait, répondis-je en lui prenant la main et en la faisant rasseoir ; vous êtes une honnête fille aussi, mais vous avez l’esprit troublé, et la triste compagne à qui vous avez donné votre confiance achève de vous égarer. Elle fait naître en vous des idées absurdes. Ne comprenez-vous pas que supposer M. Brudnel épris de ma sœur, c’est faire une mortelle injure à lui et à moi ?

— Pourquoi ? Elle est une sainte et un ange. S’il l’aimait, celle-là, il n’hésiterait pas à la demander en mariage !

— Il ne ferait pas cette chose insensée, repris-je, car il serait refusé avec empressement.