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sera diminué de beaucoup, mais je rentre dans la liberté de l’avenir, et le présent est encore assez beau ; grâce à ma vie retirée et au peu de folies que j’ai faites depuis quelques années, je n’ai plus de dettes. Rien ne changera donc dans mon existence, vous resterez près de moi, si vous m’aimez comme je vous aime, et ma chère Hélène, dont l’avenir est assuré, ne souffrira d’aucune privation.

» Vous voyez que ma lettre est datée de votre ville, où j’ai dû m’arrêter pour prendre un peu de repos. Je ne veux pas la quitter sans aller me rappeler au souvenir de votre respectable et excellente mère. Elle aura sans doute quelque peine à me reconnaître ; mais, puisqu’elle n’a point oublié mon nom, j’espère bien qu’elle me permettra d’aller lui parler de vous et de lui dire combien vous méritez l’attachement que je vous porte. »

La lettre avait été fermée et rouverte. Il y avait en post-scriptum :

« J’ai vu votre mère, elle n’a point vieilli et m’a reconnu avant que je me sois nommé. Nous avons parlé et pleuré ensemble. Oui, mon cher enfant, nous avons pleuré des morts que vous n’avez point connus et qui nous seront éternellement chers. — Et puis… j’ai vu votre sœur…, un ange, — une muse divine ! — Par-