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garde-malade sommeillait. Il ne revint pas. Je ne l’ai jamais revu. Je sais qu’il est mort de la fièvre jaune en Amérique, il n’y a pas longtemps, ne laissant aucune fortune ; tant mieux ; je n’en eusse rien voulu !

» Le médecin vint prendre de mes nouvelles plusieurs fois, me disant toujours que j’étais en sûreté et qu’il ne fallait plus trembler. Dans la matinée, sir Richard me fit savoir qu’il désirait me parler, si j’étais visible. Je me levai, je réparai le désordre où j’étais et je le reçus. Il fit sortir la garde-malade et me dit :

» — Mademoiselle, êtes-vous véritablement la fille de M. Perez ?

» — Hélas ! oui.

» — Est-il vrai que vous ayez eu une petite aventure à Pampelune ?

» — Ce n’est que trop vrai !

» Je lui racontai tout, et il vit que je ne mentais pas.

» — Comptiez-vous épouser ce jeune officier ?

» — Pouvez-vous en douter, monsieur ?

» — Alors vous êtes sûre qu’il n’avait pas l’intention de vous tromper ?

» — Oh ! très-sûre.

» — Et vous l’aimez ?

» — Je l’aime.

» — Écrivez-lui de venir vous trouver ici. Dites-lui