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point d’ordres à me donner, permettez-moi de vous souhaiter une bonne nuit.

— Attendez ; non, restez ! J’ai dit une parole imprudente. N’allez pas croire que je sois sa maîtresse ; il m’a donné sa parole !

Et, comme j’insistais pour allumer une bougie et la reconduire à sa chambre :

— Écoutez ! dit-elle avec une énergie soudaine. Il me faut votre estime et la mienne propre. Ma situation est trop équivoque. Richard s’imagine que je n’en souffre pas, il ne sait pas que j’en meurs ! Ce secret m’étouffe, il faut que vous sachiez qui je suis.

— Mais cela ne me regarde pas, m’écriai-je impatienté ; je ne suis pas curieux de le savoir.

— C’est du mépris alors ? Ah ! je le vois bien, voilà à quoi me condamne le mystère dont il m’enveloppe, quand la vérité serait si bien placée dans le cœur d’un ami, d’un honnête homme comme vous ; mais vous m’entendrez, ou je croirai que je ne suis à vos yeux qu’une fille entretenue, une aventurière !

— Je ne vous écouterai qu’à une condition, c’est que je redirai tout à sir Richard.

Elle hésita un instant. J’allais en profiter pour battre en retraite. Elle me retint par le bras d’un mouve-