Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

confie donc les clefs du harem, car je n’ignore pas l’étrangeté de mon ménage. Cela ne tient pas chez moi à un système d’autorité comme vous pourriez le croire, cela tient à la connaissance que j’ai du caractère adorablement exceptionnel d’Hélène. Je ne suis point jaloux comme vous avez dû le supposer, c’est-à-dire que je ne suis pas injuste et soupçonneux. Je ne suis pas non plus amoureux dans le sens de la possession farouche ; à mon âge, cher docteur, on aime surtout avec le cœur, on aime paternellement, surtout quand on a désiré en vain toute sa vie d’être père. Le caractère, les goûts et l’aspect d’Hélène se prêtent si bien à ma fantaisie, que je ne pouvais guère espérer une plus douce compagnie. En voilà assez sur ce sujet, n’y revenons pas, mais qu’il soit bien entendu que vous ne vous éloignerez pas de la maison en mon absence, que vous me répondez de la santé et de la sécurité de ma compagne.

— Je n’ai rien à vous refuser, lui répondis-je, même cette tâche délicate pour un homme de mon âge. Madame Brudnel acceptera-t-elle l’autorité dont vous m’investissez, si quelque circonstance imprévue m’oblige à m’en prévaloir ?

— Tout est prévu, elle vous obéira aveuglément. Une seule chose l’épouvanterait, c’est qu’on réclamât