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Con lei sull’onda placida Errai dalla laguna, Ella gli sguardi immobili In te fissava, o luna ! E a che pensava allor ? Era un morrente palpito ? Era un nascente amor ?

— Te voilà, Zorzi ? me cria-t-elle en m’apercevant au-dessus de la rampe. Que fais-tu là tout seul, vilain boudeur ? Viens avec nous prendre le café au Lido. — Et fumer une belle pipe de caroubier, dit le docteur. — Et prendre un peu la rame à ma place, dit Giulio. — Ah ! pour cela, Giulio, je te remercie, répondis-je ; quant au docteur, toutes ses pipes ne valent pas une de mes cigarettes ; mais pour toi, aimable Beppa, quelle excuse pourrais-je trouver ? — Viens donc, dit-elle. — Non, repris-je, j’aime mieux confesser que je suis un butor et rester où je suis. — Fi ! le vilain caractère, dit-elle en me jetant son bouquet à demi effeuillé à la figure. Est-ce que tu ne deviendras jamais plus aimable que cela ? Et pourquoi ne veux-tu pas venir avec nous ? — Que sais-je ? répondis-je. Je n’en ai nulle envie, et pourtant j’ai le plus grand plaisir du monde à vous rencontrer.

Catullo, qui est sujet, comme tous les animaux domestiques de son espèce, à se mêler de la conversation et à donner son avis, haussa les épaules et dit à Giulio, d’un air fin et entendu : Foresto ! — Oui, précisément, répondit Giulio. Entends-tu, Zorzi ? voilà Catullo qui te traite de malade extravagant. — Peu m’importe, repris-je, je ne suis pas des vôtres. Tu es trop belle ce soir, ô Beppa ; le docteur est trop ennuyeux, le justaucorps de Catullo m’est insupportable à voir, et Giulio est trop fatigué. Au bout d’un quart d’heure de bien-être, les yeux de Beppa me feraient extravaguer, et il m’arriverait peut-être de faire pour elle des vers aussi mauvais que ceux du docteur ; le docteur en serait jaloux. Catullo doit nécessairement crever