étincelants. L’œil sanglant du Taureau, le farouche Aldébaran, s’élevait au-dessus d’une sombre aiguille, qui semblait le soupirail du volcan d’où cette infernale étincelle venait de jaillir. Plus loin, Fomalhaut, étoile bleuâtre, pure et mélancolique, s’abaissait sur une cime blanche, et semblait une larme de compassion et de miséricorde tombée du ciel sur la pauvre vallée, mais prête à être saisie en chemin par l’esprit perfide des glaciers.
Ayant trouvé ces deux métaphores, dans un grand contentement de moi-même, je fermai ma fenêtre. Mais en cherchant mon lit, dont j’avais perdu la position dans les ténèbres, je me fis une bosse à la tête contre l’angle du mur. C’est ce qui me dégoûta de faire des métaphores tous les jours subséquents. Mes amis eurent l’obligeance de s’en déclarer singulièrement privés.
Ce que j’ai vu de plus beau à Chamounix, c’est ma fille. Tu ne peux te figurer l’aplomb et la fierté de cette beauté de huit ans, en liberté dans les montagnes. Diane enfant devait être ainsi, lorsque, inhabile encore à poursuivre le sanglier dans l’horrible Érymanthe, elle jouait avec de jeunes faons sur les croupes amènes de l’Hybla. La fraîcheur de Solange brave le hâle et le soleil. Sa chemise entr’ouverte laisse à nu su forte poitrine, dont rien ne peut ternir la blancheur immaculée. Sa longue chevelure blonde flotte en boucles légères jusqu’à ses reins vigoureux et souples que rien ne fatigue, ni le pas sec et forcé des mules, ni la course au clocher sur les pentes rapides et glissantes, ni les gradins de rochers qu’il faut escalader durant des heures entières. Toujours grave et intrépide, sa joue se colore d’orgueil et de dépit quand on cherche à aider sa marche. Robuste comme un cèdre des montagnes et fraîche comme une fleur des vallées, elle semble deviner, quoiqu’elle ne sache pas encore le prix de l’intelligence, que le doigt de Dieu l’a touchée au front, et qu’elle est destinée à dominer un jour, par la force morale, ceux dont la force physique la protége