Page:Sand - Lettres a Alfred de Musset et a Sainte-Beuve.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
LETTRES À ALFRED DE MUSSET

j’y suis. Dans tous les cas, certes, je te verrai aux vacances, avec quel bonheur alors ! Comme nous nous aimerons bien ! n’est-ce pas, n’est-ce pas, mon petit frère, mon enfant ? Ah ! qui te soignera, et qui soignerai-je ? Qui aura besoin de moi, et de qui voudrai-je prendre soin désormais ? Comment me passerai-je du bien et du mal que tu me faisais ? Puisses-tu oublier les souffrances que je t’ai causées et ne te rappeler que les bons jours ! le dernier surtout, qui me laissera un baume dans le cœur et en soulagera la blessure. Adieu, mon petit oiseau. Aime toujours ton pauvre vieux George.

Je ne te dis rien de la part de Pagello, sinon qu’il te pleure presque autant que moi, et que quand je lui ai redit tout ce dont tu m’avais chargée pour lui, il a fait comme avec sa femme aveugle. Il s’est enfui de colère et en sanglotant.

III
Venise, 15 avril 1834

J’étais dans une affreuse inquiétude, mon cher ange. Je n’ai reçu aucune lettre d’Antonio. J’avais été à Vicence exprès pour sa-