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rielle, ni traîtrise morale. Ils se trompèrent l’un et l’autre sur la profondeur de cet amour, enfoncé beaucoup plus avant dans leur cœur qu’ils ne le pensaient. Ils se croyaient guéris et détachés. La convalescence de Musset, puis la renaissance de son amour, ravivèrent tout. Il était trop tard. Il ne leur restait plus qu’à souffrir.

Les souffrances de Musset sont connues. De bonne heure, dès l’année même de la rupture il les a rendues publiques. Il a ainsi contribué, sans le vouloir, à fortifier une légende dont la mémoire de Georges Sand a longtemps souffert. Le monde, n’entendant qu’une plainte, crut qu’il n’y avait qu’une victime. Il y en avait deux. Les lettres de George Sand et surtout son journal mettent les douleurs égales des deux côtés. Non seulement l’amour a été chez George Sand aussi fort, aussi violent même que chez Musset, mais on ne peut douter un instant, quand on lit attentivement ces lettres, de l’influence bienfaisante qu’eut l’amour de George Sand sur Musset. Toujours, avant comme après