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les sept cordes de la lyre


Scène VI. — MÉPHISTOPHÉLÈS, HÉLÈNE.

méphistophélès, à part. Eh ! vite ! tâchons de la distraire ; car, si elle touche à la lyre, elle est perdue pour nous ! (Haut.) Pardon, ma belle demoiselle, si j’entre ici sans votre permission ; je croyais trouver maître Albertus.

hélène, à part. Quel vilain petit vieux ! (Haut.) Monsieur, qu’y a-t-il pour votre service ? Maître Albertus donne sa leçon.

méphistophélès. Vous ne me remettez pas, ma chère demoiselle ? J’ai eu l’honneur de vous voir souvent quand vous étiez toute petite ; j’étais très-lié avec votre respectable père. Ne lui avez-vous pas entendu parler quelquefois de Jonathas Taer ?

hélène. Certainement, monsieur. Il avait fait beaucoup d’affaires avec vous. Vous êtes brocanteur, je crois ?

méphistophélès. Précisément. Je vois que vous avez autant de mémoire que de grâce et de beauté.

hélène. Monsieur, je n’aime pas beaucoup les compliments, et je vous assure que je n’en mérite aucun sur ma mémoire.

méphistophélès. Je gage que vous vous rappelez pourtant le dernier piano que j’ai procuré à monsieur votre père ?

hélène. Hélas ! oui, monsieur. J’avais commencé à en jouer, lorsque, au bout de trois leçons, je tombai malade, et mon père le fit emporter de ma chambre, et me retira mon maître de musique.

méphistophélès. Il fit bien. La musique vous aurait tuée, délicate comme vous êtes. Mais veuillez