flûte, et même il l’avait laissée écrite au charbon sur les murs de sa chambre.
— Et quelle était cette phrase ? m’écriai-je.
Carl chanta d’un trait :
— Et le nom de ce jeune homme, le savez-vous ?
— Je ne le sais pas ; mais, quant à son nom de baptême, je le connais et ne l’ai pas oublié ; car, en entendant le mien, il me frappa sur l’épaule en me disant qu’il servait le même patron que moi.
— C’est lui ! m’écriai je, c’est mon meilleur ami ! Je sais en effet qu’il y a cinq ans, il traversa le Tyrol, et, lorsque, à l’heure de sa mort, il me chantait sa phrase religieuse, il me dit en souriant : « Ne m’en fais pas compliment, je baisse : c’est une réminiscence de ma jeunesse, et rien de plus. » Mais, dis-moi, Carl, comment il se fait que tu aies retenu cette phrase ?
— Tout ce que j’entends en musique se grave dans ma mémoire pour n’en plus sortir, et pour se retrouver dans l’occasion. Je répétai mille fois cette phrase qui me plaisait tant, et je la chantai même au voyageur en lui tenant l’étrier à son départ. Il fut content de ma voix, m’engagea à la cultiver, et me donna un