mes paupières. La scène de l’église se peignit à ma mémoire sous des couleurs si vives et si réelles, que, possédé par une sorte de frayeur insensée, je me mis à chanter la phrase fatale ; d’abord à demi-voix, comme si j’eusse voulu conjurer et repousser l’approche des esprits des ténèbres ; puis distinctement, comme si je me fusse accoutumé à leur apparition ; et puis enfin d’une voix éclatante, comme si j’eusse voulu les invoquer et m’élancer avec eux dans la vapeur qui tremble sur les abîmes au rayon de la lune. Mais quelle fut ma stupeur lorsqu’au moment où je prononçais les mots terribles :
une voix, qui semblait être la voix même du vent
et des eaux, me répondit à travers les sapins et la
brume :
Et aussitôt, comme si toutes les voix de la nuit et tous les esprits de l’air eussent été convoqués à chanter l’hymne funèbre de Carl, du haut de chaque cime et du fond de chaque ravin, un écho répondit à la voix fantastique pour articuler, chacun à son tour, et avec une force décroissante :