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les sept cordes de la lyre

pour croire que la Divinité n’accueille dans son sein que les ignorants et les pauvres d’esprit ? Suis-je un moine pour placer ma foi dans un maître aveugle, ami de la paresse et de l’abrutissement ? — Non ! la Divinité que je sers est celle de Pythagore et de Platon, aussi bien que celle de Jésus ! Il ne suffit pas d’être humble et charitable pour se la rendre propice, il faut encore être grand ; il faut cultiver les hautes facultés de l’intelligence aussi bien que les doux instincts du cœur pour entrer en commerce avec cette puissance infinie, qui est la perfection même, qui conserve par la bonté, mais qui règne par la justice… C’est à ton exemple, ô perfection sans bornes, que l’homme doit se faire juste, et il n’est point de justice sans la connaissance. — Si tu n’as pas cette connaissance, ô mon âme misérable, si tes travaux et tes efforts ne t’ont conduite qu’à l’erreur, si tu n’es pas dans la voie qui doit servir de route aux autres âmes, tu es maudite, et tu n’as qu’à te réfugier dans la patience de Dieu, qui pardonne aux criminels et relève les abjects… Abject ! criminel ! moi dont la vertu épouvante les cœurs tendres et désespère les esprits envieux… Orgueilleux ! orgueilleux ! Il me semble que, du haut de ces étoiles, une voix éclatante me crie : « Tu n’es qu’un orgueilleux ! »

Ô vous qui passez dans la joie, vous dont la vie est une fête, jeunes gens dont les voix fraîches s’appellent et se répondent du sein de ces bosquets où vous folâtrez autour des lumières, comme de légers papillons de nuit ! belles filles chastes et enjouées qui préludez par d’innocentes voluptés aux joies austères de l’hyménée ! artistes et poètes qui n’avez pour règle et pour but que la recherche et la possession de tout ce qui