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lettres à marcie

inductions solides. Je n’ai pas fait le vœu de ne jamais m’expliquer sur le fond de mes idées relativement au mariage ; mais je ne crois pas non plus être dans l’obligation d’exposer une théorie quelconque. J’ai déjà dit que, soit pour me montrer coupable de mauvais principes envers la société, soit pour rendre ridicule la bonne foi de mes écrits, quelques moralistes de feuilleton m’avaient souvent mis au défi de dévoiler mes criminelles intentions à l’endroit du mariage. Je ne m’intéresse nullement à ces sortes de polémiques, et n’ai jamais cru devoir y répondre. Il est probable qu’en continuant ce roman intime des Lettres à Marcie, j’aurais causé avec elle sur ces graves matières ; mais le roman a été interrompu par des circonstances qui n’avaient rien de commun avec le sujet, et je puis les dire. Je ne me suis jamais senti propre à la fabrication rapide, pittoresque et habilement accidentée de ces romans dont l’intérêt se soutient malgré les hasards de la publication quotidienne. Je n’avais accepté l’honneur de concourir à la collaboration du journal le Monde que pour faire acte de dévouement envers M. Lamennais, qui l’avait créé et qui en avait la direction. Dès qu’il l’abandonna, je me retirai, sans même m’enquérir des causes de cet abandon ; je n’avais pas de goût et je manquais de facilité pour ce genre de travail interrompu, et pour ainsi dire haché. N’ayant pas eu l’occasion de continuer en temps et lieu les Lettres à Marcie, j’ai eu bientôt oublié l’espèce de plan que j’avais conçu. On m’a reproché, dans quelques journaux d’émancipation, de reculer devant les difficultés de l’entreprise. Le hasard seul m’a forcé de m’arrêter ; mais, quand même j’aurais hésité à formuler mon