dans ce tableau immense ? y a-t-il une seule note isolée ou étouffée dans ce vaste concert ? La Providence n’a-t-elle pas une caresse pour le moindre brin d’herbe qui fleurit, aussi bien que pour le plus grand homme qui pense ? Écoute, écoute ; tu t’es trompée. Ce thème que tu as cru entendre, ce n’est point un chant de doute et d’angoisse… Écoute mieux, le ciel dit : « Espoir ! » Et la terre lui répond : « Confiance !… » (Hélène dépose la lyre et s’agenouille.)
hanz. Qu’avez-vous, chère sœur ? Pourquoi vos larmes coulent-elles ainsi sur vos belles mains jointes ?
wilhelm. Laisse-la prier Dieu. Elle ne t’entend pas.
albertus, à Hélène qui se relève. Êtes-vous mieux, mon enfant ?
hélène. Je me sens bien.
albertus, à ses élèves. Il est temps qu’elle rentre. La soirée devient froide ; emmenez-la, mes amis, et recommandez à sa gouvernante de la faire coucher tout de suite.
wilhelm. Ne venez-vous pas avec nous, maître ?
albertus. Non, j’ai besoin de marcher encore. Je vous rejoindrai bientôt.
carl. N’oublions pas la lyre.
albertus. Laisse-là-moi. J’en aurai soin. Prenez soin de votre sœur.
wilhelm. Hélène, appuie-toi sur mon bras.
hélène, prenant le bras de Wilhelm. La vie n’a qu’un jour.
carl. Hélène, laisse-moi t’entourer de mon manteau.
hélène Et ce jour résume l’éternité.