serait tombé sans connaissance, tandis que Doré-Fratin jetait son attirail, soufflait de chaud, et n’essuyait en ricanant que la sueur d’un peu de fatigue.
— Qu’est-ce à dire ? s’écria Carnat, venant d’un air de menace contre le grand bûcheux. Êtes-vous un faux frère ? De quel droit mettez-vous empêchement aux épreuves ?
— J’y mets empêchement à mes risques et à votre honte, répliqua le grand bûcheux. Je ne suis pas un faux frère, et vous êtes de méchants maîtres, aussi traîtres que dénaturés. Je m’en doutais bien, que vous nous trompiez, pour faire souffrir et peut-être blesser dangereusement ce jeune homme ! Vous le haïssez, parce que vous sentez qu’il vous serait préféré, et que là où il se ferait entendre, on ne voudrait plus vous écouter. Vous n’avez pas osé lui refuser la maîtrise, parce que tout le monde vous l’eût reproché comme une injustice trop criante ; mais, pour le dégoûter de pratiquer dans les paroisses dont vous avez fait usurpation, vous lui rendez les épreuves si dures et si dangereuses qu’aucun de vous ne les aurait supportées si longtemps.
— Je ne sais pas ce que vous voulez dire, répondit le vieux doyen, Pailloux de Verneuil, et les reproches que vous nous faites ici en présence d’un aspirant sont d’une insolence sans pareille. Nous ne savons pas comment on pratique la réception dans vos pays, mais ici, nous sommes dans nos coutumes et ne souffrirons pas qu’on les blâme.
— Je les blâmerai, moi, dit Huriel, qui étanchait toujours le sang de Joseph avec son mouchoir, et, l’ayant assis sur son genou, l’aidait à revenir. Ne pouvant et ne voulant vous faire connaître hors d’ici, à cause du serment qui me fait votre confrère, je vous dirai, au moins, en face, que vous êtes des bourreaux. Dans nos pays, on se bat avec le diable par pur amusement et en ayant soin de ne se faire aucun mal. Ici, vous