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Je pensai que n’étant pas bien loin de l’entrée, je les rattraperais dedans ou dehors ; je marchai donc plus vite et avec plus d’assurance, et repassai l’arcade par où j’étais entré, pour regarder et chercher tout le long de la rouette aux Anglais ; mais il était arrivé de mes camarades comme des sonneurs, il semblait que la terre les eût dévorés.

J’eus comme un moment de malefièvre en songeant qu’il me fallait tout abandonner, ou rentrer dans ces maudites cavernes et m’y trouver tout seul aux prises avec les embûches et les frayeurs qui y attendaient Joseph. Mais je me demandai si, dans le cas où il ne s’agirait que de lui, je me retirerais tranquillement de son danger. Mon âme de chrétien m’ayant répondu que non, je demandai à mon cœur si l’amour de Thérence n’était pas aussi solide en lui que l’amour du prochain dans ma conscience, et la réponse que j’en reçus me fit repasser l’arcade noire et vaseuse bien résolûment et courir dans le souterrain, non pas aussi gai, mais aussi prompt que si c’eût été à ma propre noce.

Comme je tâtais toujours en marchant, je trouvai, sur ma droite, l’entrance d’une autre galerie que je n’avais point sentie la première fois en tâtant sur ma gauche, et je me dis que mes camarades, en se retirant, avaient dû la rencontrer et s’y engager, croyant aller à la sortie. Je m’y engageai pareillement, car rien ne me disait que mon premier chemin fût celui qui me rapprochait des sonneurs.

Je n’y retrouvai point mes camarades, mais quant aux sonneurs, je n’eus pas fait vingt-cinq pas que j’entendis leur vacarme de beaucoup plus près que je n’avais fait la première fois, et bientôt une clarté trouble me fit voir que je débouchais dans un grand caveau rond qui avait trois ou quatre sorties noires comme la gueule de l’enfer.

Je m’étonnai de voir clair ou peu s’en faut dans un endroit voûté où ne se trouvait aucun luminaire, et, me