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souffrir auprès d’elle jusqu’à la fin de cette noce. Si elle ne veut plus entendre parler de moi après, elle en sera maîtresse.

— C’est bien, dit ma tante ; mais le tort que vous lui aurez fait, si vous vous retirez d’elle, qui le réparera ?

— Elle sait, dit Huriel, que je ne me retirerai pas.

— Si tu le sais, dit ma tante à Brulette, voyons, explique-toi ; car voilà une affaire à quoi je ne comprends rien. T’es-tu donc accordée avec ce garçon dans le Bourbonnais ?

— Non, répondit Huriel, sans laisser à Brulette le temps de parler. Je ne lui ai rien demandé, jamais ! Ce que je lui demande à cette heure, c’est à elle, à elle toute seule et sans consulter personne, de savoir si elle me le peut octroyer.

Brulette, tremblante comme une feuille, s’était tournée vers le mur et cachait sa figure dans ses mains. Si elle était contente de voir Huriel si résolu auprès d’elle, elle était fâchée aussi de le voir prendre si peu d’égard pour son naturel craintif et incertain. Elle n’était pas bâtie comme Thérence, pour dire comme cela un beau oui tout de suite et devant tout le monde ; si bien que, ne sachant comment en sortir, elle s’en prit à ses yeux et pleura.




VINGT-TROISIÈME VEILLÉE


— Vous êtes un véritable imbriaque, mon ami, dit ma tante à Huriel, en lui donnant une tape pour le retirer de Brulette, dont il s’était approché tout ému ; et, prenant les mains de sa nièce, elle la consola en la priant doucement de lui dire tout ce que cela pouvait signifier.

— Si ton grand-père était là, lui dit-elle, c’est lui