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foi, vous faites bien d’arriver, dit ma sœur à Brulette ; vous avez là le gars le plus farouche qu’il y ait sur terre. Il bat les miens, les mord, les enjure, et il faut avec lui quarante charretées de patience, et de compassion.

Brulette s’approcha, en riant, de Charlot qui jamais ne lui faisait aucune fête, et, le regardant jouer à sa manière ; lui dit, comme s’il eût pu l’entendre : J’en étais bien sûre, que tu ne te ferais point aimer chez ces braves gens qui te supportent. Il n’y a donc que moi, mon pauvre chat-huant, qui sois accoutumée à ton bec et à tes griffes !

Quoique Charlot n’eût guère en ce temps-là que dix-huit mois, il eût l’air de comprendre ce que lui disait Brulette ; car il se leva, après l’avoir regardée un moment d’un air pensif, puis, sautant après elle, se mit à lui manger les mains de baisers, comme s’il eût voulu la dévorer.

— Oh ! oh ! dit ma sœur, il a tout de même ses bons moments, à ce qu’il paraît !

— Ma fine, dit Brulette, j’en suis aussi confondue que vous, car voilà le premier que je lui vois. Et, embrassant Charlot sur ses gros yeux ronds, elle se prit à pleurer de joie et de tendresse.

Je ne sais pourquoi je fus secoué de ce mouvement-là comme si c’était chose merveilleuse. Et, au fait, si ce gars n’était point à elle, Brulette, en ce moment-là, changeait bien devant mes yeux. Cette fille si accrêtée, qu’elle n’eût point voulu traiter le roi de cousin, six mois auparavant, et que, le matin même, toute la jeunesse de l’endroit, bourgeois et paysans, aurait encore servie à genoux, avait mis tant de pitié et de chrétienté dans son cœur qu’elle se trouvait récompensée de toutes ses peines par les premières caresses d’un malplaisant petit bavoux, sans gentillesse et quasi sans connaissance.

J’en eus une larme dans l’œil, en songeant à ce que