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faut ; mais, sans être coquin, on peut bien être un peu plus malin qu’eux. V’là le Jean ! C’est à nous deux, à c’t’heure.




Scène VII.


JEAN, GERMINET.


JEAN.

À présent, père Germinet, me v’là sur pied pour vous remercier des soins que j’ai reçus chez vous et pour régler nos comptes.

GERMINET.

Nos comptes, Jean Robin ? Ah ! si l’ s’agit de ça, vous êtes pas assez riche pour me payer le tout.

JEAN.

J’entends bien ; vous avez encore du dépit contre moi. Pourtant, la chose m’a plus fâché que vous, car j’en ai mis à la raison plus d’un qui s’en souviendra.

GERMINET.

En attendant, vous avez eu le dessous ; vous avez été battu.

JEAN.

Battu, moi ? Non, par le grand diable ! j’ai jamais été battu.

GERMINET.

Vous l’avez été aujourd’hui, vous en portez la marque.

JEAN.

Ça, c’est rien, c’est un accident, un coup de traître.

GERMINET.

Je dis pas non ; mais les coups de traître, ça abat un homme, ça lui ôte le sentiment, et ça peut le faire mourir. Si Blanchon vous avait pas couvert de son corps, on redoublait sur vous, et, quand on est dix contre un… Enfin, vous en v’là sorti… On vous a pansé du mieux qu’on a pu : on avait beau vous maudire, puisque vous Vous étiez exposé comme ça pour notre défense… C’est