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Voyons un peu. (Elle rentre dans le cabaret et reparaît au contrevent de Gervaise.

MARIETTE, regardant Blanchon.

Pourquoi donc ne me parlez-vous pas ?

BLANCHON.

Oh ! j’ai rien de bon à dire, moi.

MARIETTE, se levant.

Est-ce que mon frère… ?

BLANCHON.

Le Jean est guéri, c’est rien.

MARIETTE.

Alors, ça vous ennuie donc de me parler ?… Tenez, vous êtes encore drôle, vous ! On dirait que je vous fais peur.

BLANCHON.

Eh bien, c’est la vérité, demoiselle, c’est la peur qui me tient.

MARIETTE.

Alors, c’est que vous me trouvez vilaine et désagréable ?

BLANCHON.

Bien au contraire !… Mais je ne me permets point de voir comme vous êtes.

MARIETTE.

Pourquoi ça ? Vous m’en voulez ?

BLANCHON.

Ah ! mamselle Mariette, vous me dites des choses… que, si je pouvais vous répondre, vous comprendriez… ce que vous ne comprenez pas, et, pour lors, vous verriez dans mon cœur, au sujet de l’amitié d’autrefois, la manière dont je pense et le chagrin que j’ai par rapport à vous.

MARIETTE.

Vous avez du chagrin… C’est donc que vous avez conservé de l’amitié pour moi ?

BLANCHON.

De l’amitié ? Non, croyez pas ça. Je suis pas un homme à avoir