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JEAN.

Plus le droit ? C’est ce qu’on verra ! (À Blanchon.) Allons, toi, puisque tu fais des sottises, avoue-les… Qu’est-ce qui s’est passé ? est-ce toi qui avais enfermé la Gervaise ?

BLANCHON.

Oui, je cache pas que c’est moi… Et mêmement, pour la faire entrer là, on a inventé de lui dire que… ta cousine la réclamait pour des propositions…

JEAN.

Ah ! tu avoues que tu as inventé ça ? est-ce que jeo te l’avais commandé, moi ?

BLANCHON.

Mon Dieu ! c’est une affinoire comme ça… comme on en fait les jours de fête ! La Gervaise en est innocente, j’en jure ! à preuve qu’elle voulait s’en aller, et que je l’ai fait en aller comme j’ai pu.

GERMINET.

Oui, devant tous les libertins de la bande ! Je t’en remercie, Cadet-Blanchon !

BLANCHON.

Dame ! c’est une chose malheureuse, ça ! j’en ai du regret… mais votre fille est pas à blâmer.

PIOTTON.

Non, mademoiselle Gervaise est pas à blâmer, et, puisque Blanchon avait inventé une amusette innocente…

JEANNE.

Innocente !… avec des fausses clefs ?

PIOTTON.

Des fausses clefs, jeune homme ! où-ce que vous avez fait fabriquer des clefs contraires à la morale publique ?

BLANCHON.

J’ai rien fabriqué du tout ; j’avais pris la clef…

JEAN.

Où que tu l’avais prise ? Réponds !