Page:Sand - Les Don Juan de village.pdf/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est pas un bon sujet, et ça ne conviendrait pas du tout à ma sœur.

JEANNE.

Tant pis ! voilà encore un chagrin pour elle…

JEAN.

Un chagrin ? Elle le connaît pas !

JEANNE.

Elle se souvient de lui : on a tant dit devant eux qu’ils seraient mari et femme ! On a tort de parler de ça devant les enfants. Y en a qui n’oublient pas, et la Mariette a si bon cœur !

JEAN.

Bah ! elle l’oubliera ; faut qu’elle l’oublie.

JEANNE.

Il faudra bien, mais ça sera encore des larmes. (Blanchon écoute attentivement.)

JEAN.

Des larmes ?

JEANNE.

Mais oui. Il faut vous dire qu’il y a environ six semaines, nous avions été toutes les deux à la foire de la Berthenoux et que Cadet-Blanchon s’est trouvé là.

BLANCHON, à part

Tiens ! tiens !

JEAN.

Ah ! il a vu ma sœur ? Il ne m’avait pas dit ça.

JEANNE.

Il ne pouvait pas vous le dire, il ne l’a point vue. Nous étions dans une maison, et lui, il dansait sur la place tout auprès de nous ; et, comme je ne voulais pas lui parler, à cause du mal qu’on m’avait dit de lui, il n’a point su que nous étions là.

JEAN.

Mais la petite a fait attention à lui ?