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moi, que, vous et vos amis, vous détourniez toutes les jeunesses de l’endroit, et que, si j’y amenais ma filleule, elle n’y trouverait plus une camarade pour causer et aller aux champs avec elle.

JEAN.

Tout ça, c’est des histoires comme on en fait ; on en dit toujours plus qu’il n’y en a. Mais je suis pas un hypocrite et je veux pas mentir. C’est vrai que, dans le pays d’ici, que ça soit ma faute ou celle des autres, on s’amuse un peu d’une manière qui ne serait pas dans votre idée ni dans la mienne, en ce qui regarde la petite. Ainsi, vous ferez bien de la garder là-bas. J’irai la voir plus souvent. Je suis un gueux de l’avoir négligée… Mais jeunesse passera… un jour viendra peut-être…

JEANNE.

Oui, oui, un jour viendra où vous serez las de mal penser et de mal faire, et où vous vous souviendrez de vos parents. Mais, en attendant, la petite qui pense toujours à son pays et à son grand frère, et qui s’imagine de pouvoir compter sur son amitié…

JEAN.

Vous me faites de la peine de me dire ça… Vous êtes méchante, la cousine.




Scène V.


JEAN, JEANNE, BLANCHON.


BLANCHON, à part.

La cousine !

JEANNE.

Eh bien, laissons ça, mais parlons de Cadet-Blanchon.

JEAN.

Oh ! Cadet-Blanchon, faut plus parler de ça.

BLANCHON, à part, se dissimulant sous le berceau de la tonnelle.

De quoi donc ?

JEAN.

Cadet-Blanchon est un bon cœur et un honnête homme, mais