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JEAN.

Venez chez Germinet, vous serez mieux.

JEANNE.

Voulez-vous m’entendre, oui ou non ?

JEAN.

J’écoute. (Il s’assied auprès de Jeanne.)

JEANNE.

Vous êtes étonné de me voir ici, cette année, quand vous ne m’attendiez que l’an prochain ?

JEAN.

Ma foi, oui, très-étonné… encore que ça me fasse plaisir, Jeanne.

JEANNE.

Plaisir ou non, me v’là ! Vous savez qu’on avait remis à l’an prochain les fiançailles avec Cadet-Blanchon ?

JEAN.

Je sais ça… mais…

JEANNE.

Mais il paraît qu’il a mal tourné, le jeune homme ; du moins, on m’a conté ça là-bas, et c’est pour le savoir que, sous prétexte de la fête, je viens aujourd’hui questionner, en commençant par vous, les gens de l’endroit ; parce que, voyez-vous, si c’est la vérité qu’on m’a dit, j’aviserai à établir ma filleule à Château-Meillant, et on ne parlera plus de venir demeurer auprès de vous.

JEAN.

Dame ! c’est pourtant triste de penser qu’on ne se verra plus !

JEANNE.

Oh ! ça, ça ne vous fait rien ! on n’est qu’à dix lieues les uns des autres, et voilà trois ans que vous n’êtes pas venu nous voir !

JEAN.

Pourtant cette petite… j’ai plus qu’elle et vous de ma famille… Après ça…

JEANNE.

Après ça, vous sentez que j’ai raison, pas vrai ? On m’a dit, à