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GERMINET, à Jeanne.

Oh ! vous irez pas loin pour le rencontrer ; il est par là.

JEANNE, bas.

Mais je veux lui parler avant qu’il voie sa sœur. (À Mariette.) Eh bien, va donc !

MARIETTE.

Tu vas me laisser là toute seule ?

JEANNE.

Eh bien, grande sotte, as-tu pas peur d’y trouver des loups ?

GERMINET.

Oh ! y en a pas ; y a personne dans la maison, depuis que la mère Chauvat qui vous l’avait affermée a quitté la paroisse, y a pas plus de quinze jours, et ça doit être en bon ordre là dedans. C’était une femme bien soigneuse.

MARIETTE.

Mais je vas m’ennuyer, moi.

JEANNE.

Allons, allons ! tu feras un somme pour te reposer ; ou, encore mieux, tu penseras à la mère qui t’a mise au monde dans cette maison-là, et tu prieras le bon Dieu de te garder bonne et sage comme elle était.

MARIETTE, l’embrassant.

Et comme tu es, toi !

JEANNE.

Va, ma fille, va ! (Mariette entre dans l’enclos. Jeanne ferme la porte et met la clef dans sa poche.)




Scène III.


JEANNE, GERMINET.


GERMINET.

Et comme ça, vous l’enfermez, c’te jeunesse ? Elle a l’air bien comme il faut, pourtant.