Page:Sand - Les Don Juan de village.pdf/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ans, la dernière fois qu’elle est venue : « Attends encore cinq ou six fois la Saint-Jean, et on vous mariera. »

JEAN.

Faut oublier ça, ma sœur est pas en âge de s’établir.

BLANCHON.

Y a longtemps que t’as pas été la voir ?

JEAN.

Oui, y a très-longtemps.

BLANCHON.

Alors, tu la connais quasiment plus. Elle doit être bigrement gentille à c’t’ heure, la Mariette ! (Mouvement d’impatience de Jean.) Qué que t’as ?

JEAN.

Assez là-dessus. Ça m’ennuie, que tu parles d’elle !

BLANCHON.

À cause ?

JEAN.

À cause que t’as dit trop de bêtises dans ta vie pour faire passer son nom par le même chemin.

BLANCHON.

Si j’ai dit des bêtises, c’est toi qui me les as enseignées. Alors, tu devrais pas non plus parler de ta sœur, toi ?

JEAN.

Aussi j’en parle pas. Qu’est-ce qu’en parle ?

BLANCHON.

En attendant, tu vas séduire une fillette qui est quasiment aussi jeune et aussi niaise.

JEAN.

Ah ! voyons ! vas-tu me faire de la morale ? Comme le garde, alors ?

BLANCHON.

De la morale, tu ne m’en as point appris, je peux pas te rendre ce que tu ne m’as point donner