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JEAN.

Voilà !… Votre demoiselle est toute jeunette et on la dit raisonnable. En la cachant, vous y ferez songer. Ne faites donc pas croire par vos manières qu’il n’y a qu’à souffler sur sa vertu pour la faire envoler. Et, là-dessus, père Germinet, mettez du lard dans l’omelette.

GERMINET.

Je me rends à vos raisonnements, Jean Robin. Y a peut-être du vrai dans ce que vous dites, et…

BLANCHON.

Et du lard dans l’omelette.

GERMINET.

Soyez tranquille… (À part, faisant machinalement le geste de faire sauter l’omelette.) Mais, si vous cassez les œufs, mes mignons, je vous en larderai une d’omelette, que vous vous en mordrez les doigts !…

JEAN.

Ah çà ! dites donc, père Germinet, si. vous faites tant frire que ça, on ne dînera pas souvent.

GERMINET.

Vous avez encore raison, Jean, on y va. Je vas faire mettre le couvert sous ma tonnelle d’houblon ! (Il sort.)




Scène X.


JEAN, BLANCHON, se tenant les côtes de rire.


JEAN.

Assez, écoute !… Regarde un peu ce qui se passe là dedans. Blanchon écoute au contrevent. Eh bien ?

BLANCHON.

Le v’là qui délivre la Gervaise, la leçon y a profité. Tu vas la voir tout ton soûl. Ah ! grand coquin ! c’est toi qui sais enlever ces affaires-là ! comme ça, en trois paroles, voyez un peu !