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rondement pour me questionner. Vous voulez savoir si j’ai des dettes.

GERMINET.

Moi ! qué que ça peut me faire vos dettes ?

JEAN.

J’en sais rien, mais vous êtes curieux… Eh bien, moi, je peux répondre à toutes les questions. Je mange mon bien, c’est vu, c’est connu ! mais des dettes, j’en veux pas, j’en ai pas ; je suis enragé du plaisir, mais je suis fier, et je veux pas de créanciers après moi, j’aurais pas la patience de les câliner, je les flanquerais par la fenêtre. Je ne suis pas embarrassé de vendre, et je vends tous les ans. Votre cousin Liénard veut pas m’acheter au prix que vous dites, vous avez parlé pour savoir ; à présent, vous savez ; êtes-vous content ?

GERMINET.

Vous, Jean, vous parlez pour parler ; je vous demande pas vos affaires, ça me regarde en rien. (À part.) N’empêche pas que j’y ai fait dire la chose.

JEAN.

Voyons, souhaitez-vous m’acheter mon champ, vous ?

GERMINET.

Je peux pas acheter. Mon commerce va trop mal, et vous savez bien que je suis quasiment ruiné.

JEAN.

Votre commerce pourrait aller mieux, ça dépendrait de vous.

BLANCHON.

Oui, ça dépend de vous.

GERMINET.

Et comment donc ça ?

JEAN.

Je vas vous dire. Si, au lieu d’être là à causer, vous étiez dans votre cuisine à vous dépêcher… Vous êtes un peu flâneur, vieux, faut pas dire le contraire.