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GERVAISE, reculant.

Non, Jean, oh ! non. Pouvez-vous dire que je ne vous donne rien ?… Et ce bouquet ?

JEAN.

C’était de la part du petit.

GERVAISE.

Et le ruban ?

JEAN.

Un ruban, c’est gentil, mais c’est pas assez !… Voyons, sors donc un peu de la chambre.

GERVAISE.

Mon père m’a enfermée.

JEAN.

Et il va le tenir en cage comme ça toute la journée ?

GERVAISE.

Oh ! bien sûr !

JEAN.

C’est pas possible ! Voyons ! la fenêtre est pas haute, et mes bras sont là. Saute un peu !

GERVAISE.

Jean, vous ne me parlez point comme vous devriez me parler. Est-ce que vous n’avez pas votre raison, ce matin ?

JEAN.

Ma foi ! j’aurais voulu la perdre. T’avais été mauvaise en diable hier soir. Des reproches ! des méfiances ! j’avais juré que tu ne me reverrais pas de huit jours, mais tu m’as envoyé des fleurs… et ce ruban… {{di|(Il le baise.) Me voilà revenu ; es-tu contente ?

GERVAISE.

Non ! car je suis trop mécontente de moi !… J’aurais dû rompre avec vous, qui ne m’avez dit hier que des folies, et j’ai fait une lâcheté en vous rappelant.

JEAN.

Faut pas dire ça, t’as fait ton devoir.