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JEAN.

Silence ! le garde champêtre va parler.

BLANCHON.

Monsieur Piotton, portez la parole.

JORDY.

Il peut pas porter ce qu’il a pas. C’est moi que je vas faire un piche, comme on dit à c’te heure.

BLANCHON.

Non ! non ! faut laisser parler l’autorité.

PIOTTON.

Pour lorsse, mes enfants, du moment que… vous vous rangez sous la bannière de l’amitié qui m’unit z’ au père Germinet, et que vous ne délinquez pas à la loi… (criant), défoncée… non, renfoncée la Roulotte !

TOUS, criant.

Renfoncée la Roulotte !

JEAN, à Piotton.

Toi, monsieur le garde, on t’invite également au festin et à la boisson.

PIOTTON.

Moi ? Oh ! merci, jeune homme. Vous en prenez trop, de la boisson, et je sais ce qui en résulte.

JEAN, lui mettant un verre dans la main.

Ah ! tu t’imagines que tu vas garder ton sang-froid, pour nous empoigner ce soir, si nous faisons le tapage ? Non pas ! non pas ! Garde, mon ami, tu boiras avec nous, c’est moi qui te le dis !

BLANCHON.

On te prend pas en traître, tu peux pas te plaindre, et, pour commencer, nous allons trinquer tous deux avec le petit blanc au père Germinet.

PIOTTON.

Eh ben, rien qu’un petit coup, et ne me faites point récidiver avant que j’aie fait ma première ronde.