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GERVAISE.

Est-ce que je sais !

TOINET.

Il n’est pourtant pas méchant, Jean Robin !

GERVAISE.

N’est-ce pas qu’il a un très-bon cœur ?

TOINET.

Dame, oui ! quand il me rencontre, il me rit toujours et il m’appelle. « Viens là, mon gamin ! qu’il me dit : comment qu’on se porte chez vous à ce matin ? Et toi, es-tu bien sage ? Aimes-tu bien ta sœur ? » Et moi, tu penses si je réponds : « Oui bien. » Alors, il me tape sur la tête, pas fort ! et, si il est en train de goûter avec ses camarades, il me fourre des galettes et des macarons plein mes poches, et, si c’est à la foire, il m’achète des billes, des osselets, des dominos, toute sorte de jeux pour m’amuser.

GERVAISE.

Eh bien, puisqu’il t’aime tant que ça, as-tu pensé que c’était aujourd’hui la Saint-Jean ?

TOINET.

Sa fête ? Pardi ! tu m’y as fait penser hier soir ; mêmement que tu m’as conseillé de lui cueillir un bouquet de notre jardin.

GERVAISE.

Non ! c’était ton idée, à toi !

TOINET.

Peut-être bien ; mais, sans toi, je l’aurais bien oublié.

GERVAISE.

Est-ce que tu as pensé à le lui porter… ce matin ?

TOINET.

Bien sûr que j’y ai pensé, mais je l’ai pas trouvé chez lui.

GERVAISE.

Ah ! il était déjà parti pour faire la conduite ?