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je t’ai défendu d’y parler, de lui répondre seulement une parole si il te parle, et de rester tant seulement une minute dans les endroits où il se trouve.

GERVAISE.

Oui, mon père, vous me l’avez défendu.

GERMINET.

Et t’as pas désobéi, je pense ?

GERVAISE.

Non, mon père.

GERMINET.

C’est que, vois-tu… si t’avais le malheur… je t’ai jamais frappée… je suis pas un homme emporté ; mais, pour une chose comme ça, je crois bien que je te casserais un pichet sur la tête.

TOINET.

Oh ! papa !

GERMINET

Et toi, petit, je te défends de jamais suivre la bande aux saccageux dans les rues et su’ les chemins, comme font les aut’s gas, ou, sinon, gare les oreilles.

PIOTTON.

Soyez donc pacifique et modéré, père Germinet. Vos enfants sont sages et bien élevés, surtout le jeune homme, et surtout la demoiselle. Et, là-dessus, je vas donner un coup de pied z’à la place ousque la fête est déjà-z-entamée.

GERVAISE.

Vous me permettrez bien d’aller un peu danser, mon père ?

GERMINET.

Danser ?… Et m’aider, moi ?… Il peut me venir du monde, aujourd’hui l’assemblée !

TOINET.

Moi, je vous aiderai, papa ; laissez-la s’amuser un peu, ma sœur !