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JEAN.

Bah ! bah ! c’est une épreuve que vous me faites.

GERMINET.

Une épreuve ? Allons, mon gendre, faut montrer ça de toi-même, faut parler et annoncer la chose à ton ami.

BLANCHON.

J’ai rien à dire encore. Jean, c’est-il vrai, c’est-il possible que tu refuses d’épouser la Gervaise, à présent que tu me vois là ?

JEAN.

Épouser une fille qu’on me pousse avec des intrigues pareilles ? Jamais ! vous entendez, les autres ? Jamais !

BLANCHON.

Jean Robin, si y a des intrigues, j’en sais rien, moi. Je suis le bœuf de la charrue que t’as poussée, mais je suis franc du collier dans ces affaires-là. Puisque t’as pas le cœur de m’en retirer, faut que j’y reste, et, puisque je suis commandé à présent par les honnêtes gens, que ça me réjouisse ou non, faut que je soye honnête homme.

GERMINET.

Faut pas dire que t’es commandé quand le commandement vient de ta conscience. Comment donc que j’aurais fait pour te forcer la main, moi, un pauvre homme, et une bête comme je suis ? Tu sais bien que ma fille a pas le sou. Elle a que ses agréments et son innocence. Je vas l’appeler, et tu vas pas y dire en face, à c’te malheureuse enfant, qu’après l’avoir conduite dans un piége, tu y fais réparation à contre-cœur.

JEANNE.

Vous voyez ce qui se passe, Jean ! c’est une grande honte pour vous.

PIOTTON.

Et pour la commune que je représente !