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que Capitaine, tel était le nom du chien, était très-cher à Charlotte, qui le faisait coucher à la porte de sa chambre. Elle l’avait oublié ce soir de grande émotion, et Capitaine, qui était fort discret, attendait chez moi qu’elle songeât à l’appeler. Aussi, quand je me risquai à monter, pour tâcher de saisir quelques paroles à travers la porte de Michelin, le diable de chien s’obstina-t-il à me suivre, croyant que je devais le conduire à sa maîtresse. Je voulus l’enfermer chez moi, mais il retrouva la vigueur de sa jeunesse pour gratter si furieusement qu’il me fallut rentrer et renoncer à mon projet.

J’attendis la sortie d’Espérance, qui n’eut lieu qu’au bout d’une heure. L’entrée du pavillon était à portée de ma vue. Charlotte le reconduisit, s’arrêta avec lui sur le seuil, et ils échangèrent là des paroles dont je ne pus saisir que les dernières.

— Ainsi c’est convenu, disait ma filleule ; pas un mot à personne, pas même à M. Alphonse ni à Ambroise !

— Puisque ton père le veut ! répondit Espérance.

— J’ai bien promis, reprit Charlotte, de ne rien dire à maman ni à mes sœurs !

— Oui, mais M. Alphonse… Allons, j’ai promis ; pour toi, Charlotte, je suis capable de tout !

Ils se séparèrent. Charlotte ferma la porte, et Gaston s’en alla par la poterne, dont sans doute il avait la clef. Charlotte remonta en appelant par