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passait dans la maison pour ce qu’il désirait de paraître toujours, l’élève de M. de Salcède et le futur successeur de Michelin. Il gardait donc la réserve qui convenait à son rôle. L’abbé Ferras, à qui l’on n’avait certainement pas reproché ses révélations anticipées à Roger, causa beaucoup avec M. de Salcède des diverses traductions de l’Iliade et de certaines éditions rares d’autres livres classiques. Il semblait que rien ne fût changé autour de lui, et son unique préoccupation me parut être de supplier Roger, au cas où il se déferait de la bibliothèque de Ménouville, de ne pas aliéner certains ouvrages précieux.

— Je vous les donne d’avance, répondit Roger, à moins que Gaston ne les réclame, car nous avons fait un marché bizarre. Il ne veut rien de ce qui est à moi, et moi, j’ai juré que tout ce qui est à moi serait à lui.

On parlait librement de Gaston devant les domestiques. C’était pour eux un absent, un inconnu.

Après le dîner, M. de Salcède prit le bras de Roger, et sortit avec lui et Gaston. Madame me prit à part avec la baronne et voulut me consulter sur les lettres d’affaires qu’elle avait reçues dans la journée. Ces lettres étaient plus graves qu’elle ne le pensait. Le comte de Flamarande n’avait pas testé, mais il avait signé à sa maîtresse des billets pour une valeur considérable, et sa succession était diminuée d’un bon tiers. En outre, il lais-