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vingt ans ; mais regardez-le quand il vous répondra.

— Il ne me répondra pas ; je ne compte pas le questionner.

— Il sait pourtant mes projets, et je lui ai donné rendez-vous ici pour que vous décidiez de son sort. Allons, Rolande, il est temps de faire cesser cette situation équivoque de l’amitié désintéressée qui proteste en lui et en vous contre la passion. Soyez courageuse ; laissez-le vous dire comment il compte arranger sa vie en vue de la vôtre et de votre réunion avec vos deux fils. Soyez sûre que ce sera la seule manière d’amener Gaston à accepter son adoption.

— Vous vous trompez ; Gaston a dit non. Depuis cinq jours, il résiste à nos prières, il est sourd à tous nos arguments. Un jour probablement, si Salcède est resté garçon et persiste à lui laisser son nom et ses biens, il acceptera pour ses enfants ce qu’il refuse aujourd’hui pour lui-même ; mais à présent il est inutile d’insister, il faut se soumettre à le voir paysan durant de longues années et à ne passer avec lui qu’une partie de ces années-là. Salcède approche, et, puisque vous le voulez, je vais lui parler et lui répéter ce que je viens de vous dire.

— Vous feriez mieux de lui dire la vérité.

— Quelle vérité ?

— L’amour que vous avez pour lui. Il ferait alors des miracles pour concilier votre bonheur avec celui de vos enfants.