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J’avais produit la déclaration qui aplanissait les difficultés légales et détruisait les doutes de l’opinion. On n’avait plus besoin de moi. J’avais le droit d’aller souffrir seul et mourir oublié.

Je craignais d’éveiller Roger, qui dormait déjà, en ouvrant la porte de l’appartement, qui était lourde et assez bruyante. Il n’y en avait qu’une apparente dans chacun de ces appartements superposés ; mais, en avisant une grande armoire encastrée dans la muraille et toute pareille à celle de la chambre de la comtesse, je me dis qu’elle était peut-être également en communication avec le passage secret et l’escalier pratiqué dans l’épaisseur des murs.

Je ne me trompais pas, car cette disposition architecturale était logique, et le secret travail d’Ambroise avait consisté à la rétablir et à la cacher au moyen des armoires à double fond. Ces voies de communication entre le donjon et le Refuge servaient habituellement aux initiés, et les panneaux de boiserie fonctionnaient sans effort et sans bruit. J’ouvris donc le fond de l’armoire, je vis l’escalier, et je m’assurai de pouvoir gagner la campagne sans être vu de personne. Je ne voulais plus être interrogé, je ne voulais plus répondre à rien.

Au moment de descendre l’escalier dérobé, j’éprouvai le besoin de voir Roger une dernière fois, et, refermant l’armoire, qui amenait du froid, je m’approchai du lit. Comme il était tout à fait caché par le rouleau de matelas et de couvertures, je