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II


À partir de ce jour, madame de Flamarande m’entretint de ses peines. Elle les sentait plus vivement depuis qu’elle était séparée de Roger, et, n’étant plus forcée par sa présence de les renfermer, elle avait besoin de me les dire. J’eus ainsi toute la révélation de sa vie de contrainte et de secrète irritation. Elle n’était pas une victime aussi passive que je l’avais cru. L’amour maternel lui avait donné des forces surhumaines pour surmonter sa douleur ; mais elle n’en avait pas moins ressenti violemment ce qu’elle appelait l’injure qui lui avait été faite, et sur laquelle je trouvais qu’elle revenait trop souvent. Je ne pus m’empêcher une fois de le lui dire et de lui avouer que, la cherchant et la suivant partout pour lui parler de Gaston, dans un temps où je la croyais calomniée, j’avais surpris son rendez-vous au bois de Boulogne avec M. de Salcède.