Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



XX


J’excitai le feu, et, comme Roger n’avait pour tout vêtement que son petit habillement de chasse, je cherchai sur le lit de Gaston une couverture. Il ne couchait plus là depuis l’arrivée de sa mère. On avait enlevé les draps et plié les couvertures entre les matelas. Je dus les relever pour trouver un couvre-pied d’indienne piquée dont j’enveloppai Roger. Je m’agenouillai près de lui pour détacher ses guêtres humides.

— Laisse donc, me dit-il en retirant ses jambes ; tu es absurde de vouloir me traiter comme un petit enfant ; c’est là ton tort envers moi, mon pauvre vieux ! Tu m’as choyé, adoré, tu as voulu me garder enfant gâté toute ma vie, tu m’as beaucoup aimé, mais mal aimé.

— C’est possible, répondis-je, mais il est dit qu’on pardonnera beaucoup à qui aura beaucoup aimé.